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Bonjour à tou.te.s 🙂,
Je viens de connaître plusieurs semaines bouleversantes. Au point de ne plus réussir à communiquer sur les réseaux sociaux ou sur mon site. Cette période je la dois à la lecture d’un livre : Le processus de complétion de Teal SWAN.
Je remercie ma kinésiologue de m’avoir prêté son exemplaire et ne tarderai pas à m’en offrir un, car je désire le lire à nouveau.
Couverture du livre
Le premier que j’ai réussi à terminer s’intitulait Comment faire votre malheur tout seul. Paul WATZLAWICK usait d’une bonne dose de sarcasme dans le but d’expliquer que souvent, nous nous imposons nous-même notre malheur. C’était ma psy de l’époque qui me l’avait prêté. Sa lecture m’avait vexée. Pourtant, force était de constater que…
Il m’aura fallu attendre plus d’une décennie avant que quelqu’un (ma kinésiologue) me propose un autre livre de développement personnel appréciable : Vaincre peur et culpabilité grâce à l’autohypnose et aux neurosciences de Bernard SENSFELDER. Je l’ai écouté en audiolivre (2 fois). J’ai adoré !
Puis, juste avant les fêtes de fin d’année, notre séance a porté sur le schéma victime / bourreau / sauveur et mon désir d’en sortir. Durant cette séance, notre discussion nous a menées vers le processus de complétion. Je ne connaissais pas. Elle m’a donc prêté son livre. Je l’ai lu pendant les vacances et j’ai pleuré comme une madeleine tout le mois de janvier 😭.
Si je n’ai réussi à atteindre la dernière page de quasiment aucun des livres de développement personnel qui m’ont été conseillés, c’est pour une raison : l’auteur/rice me disait toujours comment je devais vivre ma vie et mes émotions. Tous ces livres me vendaient la méthode miracle à suivre les yeux fermés, sans m’encourager à penser par moi-même et arriver à mes propres conclusions.
C’est mal me connaître.
Les deux premiers ouvrages que j’ai cités sortent complètement de ce schéma. Paul WATZLAWICK utilise le sarcasme afin de mettre en évidence notre tendance à nous mettre nous-même des bâtons dans les roues. À aucun moment, il ne vend une recette miracle pour faire soi-même son bonheur. C’est au/à la lecteur/rice de réfléchir. Vaincre peur et culpabilité explique les connexions du cerveau qui amènent tout un chacun à évoluer vers ce qu’iel devient, mais ne vend, lui non plus, aucune méthode miracle d’auto-persuasion (malgré l’autohypnose) qui permettrait de s’ouvrir au bonheur sans avoir à réfléchir soi-même à la question.
Quand j’ai entamé le processus de complétion, j’avoue… j’ai craint de ne pas le lire jusqu’au bout. Il commençait comme beaucoup d’autres par : ma méthode est la seule qui fonctionne vraiment. Et blablablaaa 🤢. Cependant, l’autrice après cette petite phrase explique que sa méthode ne peut fonctionner que si la personne qui la met en place en comprend parfaitement les tenants et les aboutissants et qu’elle est prête à se mettre au boulot. Car sa méthode est une ouverture bienveillante envers nos propres émotions. Elle consiste à arrêter de fuir nos traumatismes et à les affronter, quels qu’ils soient, afin d’accepter le passé.
Elle explique les traumatismes liés aux émotions, que nous ressentions enfants, incomprises (voire rejetées) par les adultes et enfants qui nous entouraient alors. Car l’intensité des sentiments diffère en fonction de chacun.e et que notre société s’échine à nous imposer une norme. Les adultes, déjà conditionnés, et les enfants en cours de conditionnement ou simplement dotés d’une intensité différente, nous demandent à notre tour de nous conformer à la/leur norme. Chaque fois l’enfant que nous étions a vécu un traumatisme plus ou moins important et des comportements contraires à notre nature profonde se sont ancrés en nous.
Sauf que ! Notre cerveau refuse ce conditionnement. Nous rencontrons alors des situations qui nous renvoient à ces traumatismes et nous font péter une durite, encore et encore, ou nous nous enfermons dans une réalité virtuelle afin de fuir la réalité, ou nous décrétons qu’alors que nous sommes en excès de vitesse, la voiture de devant qui ralentit pour prendre un virage serré menant sur une route de mauvaise qualité n’est qu’une emmerdeuse et non seulement on la double sur une ligne blanche, mais en plus on klaxonne en se rabattant quasiment sur son nez, parce que éh ! c’est forcément l’autre le/la crétin.e (hein ? pardon ? ça m’a déplu qu’on me fasse ce coup-là ?… meuh nan ! Je tournais… 🤬🖕), etc. Bref… nous trainons tous nos traumatismes et nous fuyons la douleur qu’ils impliquent.
Evidement, je décris très grossièrement les propos de l’autrice, qui agrémente ces explications d’exemples concrets.
Ce que j’ai particulièrement apprécié dans son livre, c’est la bienveillance dont elle fait preuve envers ses lecteur/rice.s, mais aussi envers les personnes qui les ont traumatisées. J’aspire sincèrement à ce niveau de bienveillance… même si, sur certains sujets, j’ai encore du travail. J’y arriverai. Je me suis entourée de professionnelles compétentes qui me guideront.
La première : lorsque l’autrice demande de faire preuve d’une bienveillance inconditionnelle. Je ne connais aucun comportement qui ne nécessite aucune condition. La bienveillance inconditionnelle envers soi-même comporte déjà une première condition : soi-même. La bienveillance inconditionnelle envers celles et ceux qui désirent aborder le processus de complétion implique la condition que ces personnes désirent réellement éprouver assez de bienveillance envers elles-mêmes pour accepter leur histoire.
Pour tout avouer, je trouve le concept inconditionnel utopique. À dire vrai, je ne crois même pas au soi-disant amour inconditionnel des parents envers leurs enfants. Une étude a d’ailleurs prouvé qu’une maman ne s’occupait de son bébé qu’à la condition que celui-ci lui plaise et que par conséquence, le bébé devait séduire sa mère. J’aime également croire qu’un enfant à le droit de se défaire de son amour pour ses parents lorsque ceux-ci sont nocifs à son bon développement.
Aussi, ai-je préféré aborder le processus de complétion avec bienveillance… simplement.
La deuxième : je me suis aperçu que le processus de complétion ressemblait beaucoup à ce que j’avais moi-même mis en place dans ma quête introspective. J’ai appris à me confronter à mes peurs… même si mon cerveau est assez malin pour me dissimuler les plus importantes dans le but de me pousser à les fuir. Heureusement, ma kinésiologue veille au grain. Pourtant, ma lecture m’a permis de constater que même si je me confrontais à mes traumatismes, je le faisais jusque-là, dans un schéma victime / bourreau et non dans la bienveillance. En d’autres termes, je pensais valider mes émotions et leurs intensités, pourtant je ne faisais qu’accuser autrui de mes traumatismes. Ce qui, en y réfléchissant, est une forme de fuite.
Depuis ma lecture, j’aborde donc mes émotions avec toute la bienveillance possible à mon niveau. J’accueille et accepte les émotions telles que je les ai ressenties et non en tant que victime. Simplement en tant qu’être humain doté d’émotions. Car c’est un droit. Peu importe ce qu’en ont dit les autres. Ils ne sont pas mes bourreaux et je n’ai pas besoin d’un.e sauveur/se… j’accepte juste nos désaccords. J’avoue encore que pour certains sujets, ça reste compliqué. Mais je progresse.
Je trouve le processus de complétion très doux, très maternel. Toutefois, ayant déjà mis un autre processus en place, j’ai préféré compléter ma méthode avec ce que j’ai appris de la sienne. Aussi, si je devais décrire mon mois de janvier 2024, je le qualifierais de bouleversant, mais salvateur.
J’ai encore un long chemin à parcourir, mais la voie de la bienveillance le rend plus accessible.
Je dirais donc que cette œuvre s’est avérée très enrichissante. Humainement. Émotionnellement. Je suis d’accord avec l’autrice lorsqu’elle affirme que pour guérir de ses traumatismes, il est primordial de s’y confronter avec bienveillance. Je sais aussi qu’elle apporte des billes substantielles dans la réussite à l’éveil de notre propre bienveillance. Je pense, honnêtement, que c’est un livre qu’il est très intéressant de lire et relire lorsqu’on se lance dans une démarche de reconstruction.
J’ai grandement apprécié qu’elle explique les raisons qui l’ont menée à développer son processus et surtout qu’elle agrémente suffisamment ses étapes pour permettre à ceux qui ont déjà mis d’autres moyens en place, de juste améliorer leur propre méthode. En fait le seul bémol que j’ai pu trouver dans son ouvrage (mis à part mon antipathie envers l’inconditionnel), c’est qu’il est très facile de confondre victimisation et bienveillance envers soi-même lorsqu’on débute dans l’introspection. Même si l’autrice décrit assez bien tout le long du livre que nos interlocuteurs ont eux-mêmes à gérer leurs traumatismes et qu’à mon avis son histoire de bienveillance inconditionnelle pourrait en partie vouloir éviter la victimisation, il aurait peut-être (et je dis bien peut-être) été pertinent d’écrire noir sur blanc qu’à partir du moment où nous éprouvons nos émotions comme une victime, c’est que le travail est incomplet. Si c’est écrit et que j’ai oublié que ça l’était… alors : mea culpa.
Et en même temps, ce n’est pas grave. Parce que quelque soit le schéma qu’on suit, j’ai acquis l’intime conviction que le jour où nous comprenons la véritable signification de la bienveillance, celle-ci germe en nous et finit, tôt ou tard, par nous donner l’occasion de comprendre que la vie n’est qu’une succession d’expériences plus ou moins difficiles à vivre et à accepter… dans la bienveillance.
Bonne semaine et bonne.s lecture.s (écoute.s) 😘