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Bonjour à tou.te.s 🙂,
Le château des nuages de Dianna WYNNE JONES est le deuxième tome de la trilogie de Hurle :
A la fin du Château Ambulant de Hayao Miyazaki, le château vole. Je suppose que l’idée lui est venu du château des nuages. En tous cas, s’il a pris quelque chose de ce tome, je ne vois que ça.
Couverture du livre
Après avoir lu deux fois de suite le château de Hurle, je me faisais une joie de retrouver Sophie, Hurle et Calcifer dans de nouvelles aventures. Sauf que… Le château des nuages n’est pas une suite du premier tome, à proprement parler. On rencontre et découvre une tranche de vie d’un certain Abdallah dans ce roman.
Abdallah est un jeune vendeur de tapis, renié par son père à cause d’une malédiction et malmené par la première épouse de ce paternel, qui pourtant a hérité du magasin familial, alors qu’Abdallah tient un stand sur la place du marché (où il vend des tapis également).
Ce qui m’a le plus perturbée dans cette histoire c’est l’élocution des personnages venus du « pays des mille et une nuits ». J’apprécie quand on appelle un chat : le chat… et non « ô sublime créature à la robe soyeuse et au regard pénétrant ». Je me répète, parce que ce n’est pas la première fois que je tombe sur ce style d’expression. Et je confirme : ça me fatigue.
« […] Il est malin, égoïste et vaniteux comme un paon, et assez lâche, et extrêmement fuyant.
— Vraiment ? demanda Abdallah. C’est étrange que vous prononciez avec une telle fierté une telle liste de vices, ô plus aimante des femmes.
— Comme ça, des vices ? Je ne faisais que décrire Hurle, s’offusqua-t-elle. Il vient d’un tout autre monde, vous savez ? Un endroit appelé Pays de Galles.
J’ai pris cet extrait, parce que j’en étais à ce passage quand je me suis aperçu qu’à aucun moment je n’avais sélectionné d’exemple de ces « Ô… » parsemés dans le roman. Mais si j’aime beaucoup la mise en avant des contrastes d’opinions (Abdallah pense que Sophie liste des vices, Sophie qu’elle décrit Hurle), il ne reflète malheureusement pas la capacité d’Abdallah à mettre des rubans et fioritures autour d’un nom. Il faut dire qu’en général, je sautais la phrase.
Bref ! Ce jeune vendeur de tapis est un grand rêveur. Son esprit s’évade régulièrement et s’invente une autre vie. Une existence trépidante, vécue dans la sécurité de son imaginaire, jusqu’à ce que… un homme lui vende un tapis volant.
A partir de là, Abdallah va commencer à vivre les aventures qui le font si souvent rêver, dans la réalité. Il commence par rencontrer Fleur-dans-la-Nuit, une princesse à la beauté sans pareil (cette apologie de la beauté a tendance à me taper sur le système… mais bon), dont il va évidemment tomber amoureux (Ben voyons !).
C’est quand la demoiselle se fait enlever par un Djinn que les ennuis se pointent. Le père de celle-ci veut empaler Abdallah, alors que lui veut la retrouver. C’est ainsi que les fesses sur son tapis, Abdallah part à la recherche de sa belle. En chemin, il entre en possession d’une bouteille qui contient un géni mécontent et boudeur, un ancien soldat de la Haute Norlandie qui a perdu la guerre contre l’Ingarie, une chatte qui a la capacité de grossir à l’état de panthère noire quand elle est en colère et son petit chaton.
Ensemble, ils traversent l’Ingarie pour rejoindre le château de Fort-Royal et trouver le magicien du roi. Ils ont une information cruciale à lui révéler : le Djinn enlève toutes les princesses. Et le roi est papa d’une petite fille.
Le soldat et Abdallah se racontent mutuellement leurs histoires et leurs espoirs. Aussi, j’avoue avoir rencontré quelques difficultés avec le personnage d’Abdallah, que je trouve pleurnichard. A y réfléchir (et à en croire l’extrait suivant), je devrais peut-être mettre de l’eau dans mon vin, car je lui ressemble plus que je ne voudrais l’admettre.
La façon dont le soldat avait formulé son avis le conduisait à voir la situation sous un jour nouveau. Bien sûr que le soldat avais compris la mauvaise volonté de la créature. Il était comme ça, un expert à obtenir des autres ce qu’il voulait. La seule à pouvoir le forcer à agir contre ses intérêts était Minuit, et elle-même était amenée à faire des choses qu’elle n’aurait pas voulues quand Gringalet les réclamait.
Cela mettait le petit au sommet de la hiérarchie. Un chaton ! Et puisque le soldat avait compris comment se faire obéir du génie, et que celui-ci malmenait Abdallah, cela impliquait que le jeune homme était tout en bas. Pas étonnant qu’il se sentît à ce point dépassé ! Et de comprendre à quel point c’était la même chose avec la parenté de la première femme de son père n’avait rien pour le rassurer.
D’aventures en aventures, ils parviennent à retrouver Fleur-dans-la-Nuit et j’ai, là encore, eu maille à supporter Abdallah. Fleur-dans-la-Nuit semble l’ignorer et il ne le supporte pas. Je tiens à préciser, sans vouloir non plus spoiler l’histoire qu’à ce moment du roman, ils ont certes retrouvé la magnifique Fleur-dans-la-Nuit, mais ils sont encore loin d’être sortis d’affaire. Et quand les autres personnages expliquent que Fleur-dans-la-Nuit est une femme au charactère sûr, une véritable leadeuse, une personne capable de mener un pays, Abdallah ne veut pas croire qu’elle a su agacer le Djinn et le mettre au pli parce que ça ne ressemble pas à la douce Fleur-dans-la-Nuit qu’il a rencontrée. Petite parenthèse : il l’a vu deux fois pendant quelques heures avant qu’elle se fasse enlever. Il ne la connaît pour ainsi dire pas !
Et l’extrait qui m’a le plus hérissé le poil est celui-ci :
« Parfait », dit Fleur-dans-la-Nuit en souriant chaleureusement à sa camarade.
Abdallah aurait voulu qu’elle ne sourît qu’à lui de cette façon.
C’est sûr, avec un court extrait, on se demande pourquoi je m’emporte. Mais c’est la continuité des « Ouin Ouin Fleur-dans-la-Nuit ne m’aime plus, parce que je ne suis pas le centre de son intérêt, alors qu’il y a un Djinn qui risque de tous nous tuer s’il découvre notre présence » qui m’ont fait ainsi réagir.
Je ne peux malheureusement pas plus développer sur l’histoire sans la spoiler et ce n’est pas ce que je veux. Donc je vous laisse découvrir la suite (et les détails que j’ai omis jusque-là), en lisant la trilogie.
Je ne vais pas dire que je n’ai pas aimé. J’ai plutôt été déçue par ce tome. Je pensais y voir plus de Sophie, de Hurle et de Calcifer. En fin de compte, on ne les y voit que très peu et ça m’a chagrinée. Si la trilogie s’appelle la trilogie de Hurle, ce devrait être parce que les trois histoires tournent autour de lui et donc par ricocher sur Sophie et Calcifer (j’adore Calcifer). Il n’en est rien. J’ai toutefois lu ce livre dans les temps que je m’étais impartis, donc c’est que je l’ai trouvé bien dans l’ensemble. Par contre, je ne le relirai pas. Beaucoup trop de clichés comme la magnifique femme qu’il faut aller sauver.
Est-ce qu’un jour quelqu’un pourra percer avec un livre qui raconte l’histoire d’un homme lambda (pour le coup, comme Abdallah) qui tombe amoureux d’une femme accessible (et non une magnifique princesse qui par amour pour un mec lambda devra fatalement renoncer à sa classe sociale si elle veut vivre avec lui) et connaître des tas et des tas d’aventures pour retrouver une personnalité qu’il adore plutôt qu’un regard de biche ?
Bon… je m’emporte pour peu. Ce livre a été publié en 1990, alors qu’aujourd’hui nous voyons arriver de plus en plus (même si encore trop peu à mon goût) de livres ou films sur des êtres accessibles qui tombent amoureu.x.ses à force de côtoyer l’autre et non parce qu’iel est be.au.lle et jeune !
Continuons ainsi ! 👍
Bonne semaine et bonne.s lecture.s (écoute.s) 😘