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Coucou tou.te.s,
Me revoilà, avec ma passion pour le triturage de méninges ou l’épanouissement par l’introspection. Aujourd’hui, j’ai envie d’aborder le raccourci « introspection = bonheur », qui, à mon avis, est aussi vrai que faux.
Il y a un ou deux ans – voire trois… méfions-nous de ma mémoire –, je suis tombée sur plusieurs articles défavorables à l’introspection. Ils avançaient le fait que se poser trop de questions existentielles étaient contreproductif si on cherchait le bonheur. Je ne pourrais pas révéler mes sources, parce que je ne les ai pas relevées. De toutes façons, je ne pointe personne du doigt, je partage les réflexions personnelles qu’ils ont induit.
En gros, les journalistes expliquaient qu’à trop se poser de questions, on prenait le risque d’accentuer notre mal-être, puisqu’on revenait en boucle sur nos problèmes, au lieu de lâcher prise et de prendre simplement la vie comme elle vient.
Je ne le cache pas, je m’avance pas mal en parlant de la méthode Coué, parce que je n’en connais que les rudiments : rester optimiste, quitte à vivre dans le déni. Or rappelons-nous l’étymologie du terme « introspection » : intro (à l’intérieur) et specio (examiner).
De mon point de vue, les auteurs de ces articles confondaient méthode Coué et introspection. Deux choses qui n’ont strictement rien à voir. L’une invite à toujours rester positif quitte à vivre dans le déni, l’autre à examiner nos agissements et pensées pour découvrir notre véritable nature afin d’en accepter les défauts comme les qualités. De ce que j’en sais, l’une et l’autre nous enseignent le lâcher-prise.
Cependant, ce qui m’a amenée à fulminer, en lisant leurs propos, était le « au lieu de prendre simplement la vie comme elle vient ». Aujourd’hui, j’arrive à prendre le recul nécessaire pour comprendre l’idée que ces journalistes avançaient. Mais à l’époque, j’en avais discuté avec des ami.e.s, qui éprouvaient le même ressenti que moi : « Si je pouvais prendre simplement la vie comme elle vient, je le ferais ! »
Autant les un.e.s que les autres, étions vexé.e.s par ce mot : « simplement ». Nous nous sentions rabaissé.e.s. Comme si nous n’étions pas capables de voir l’évidence, alors que de notre point de vue, c’étaient eux qui étaient incapables d’appréhender notre souffrance.
J’expose donc les conclusions de mes réflexions sur le sujet.
J’avais neufs ans, le jour où j’ai admis que ma vie ne me convenait pas. Le brisement de mon cœur en était à son amorce et je pleurais des rêves qui ne se réaliseraient jamais. Chagrin, colère, frustration m’accompagnaient au quotidien. Puis un jour – j’avais dix-sept ans – j’ai frappé un de mes chiens, qui a sauté dans mes bras, terrorisé.
Tous les chiens que j’avais « punis » jusque-là s’étaient contenté d’attendre que ma rage s’apaise. Ils avaient encaissé. Mais lui, non. Ce jour-là, je n’ai pas eu d’autre choix que d’accepter que je n’étais pas une simple victime de la vie. Je pouvais me comporter, moi aussi, en bourreau. Toutefois, mon chien me considérait tout de même comme une personne digne de confiance, puisqu’il me demandait de le rassurer, alors que c’était moi qui l’effrayais. Cette attitude, aux antipodes de ce qu’il connaissait de mon tempérament, ne pouvait pas, à ces yeux, émaner de la même personne.
Moi qui étais persuadée de toujours avoir le cœur sur la main, d’être toujours prête à aider, toujours dans l’empathie, je constatais que ce « toujours » était peut-être mal dosé.
Ce jour-là, j’ai formulé deux promesses :
Que les journalistes qui ont écrit ces articles ne s’y trompent pas, toutes les personnes que j’ai connues, qui se sont lancées dans l’introspection n’ont pas estimé possible de suivre une autre voie. Tou.te.s, moi la première, avons tenté la méthode Coué… sans succès.
Pourquoi ? Parce que comme dirait Shrek : « Oignons avoir couches, ogres avoir couches… et toi t’en tiens une ! »
Lorsque j’ai entamé mon introspection, je vivais un conflit intérieur. Influencée par quelques avis extérieurs, je me considérais comme un monstre et en même temps, j’avais le sentiment qu’au fond… j’étais une chic fille. Je ne comprenais pas pourquoi tant de gens me détestaient, mais ça me conduisait à me détester moi-même. J’ai donc commencé à inspecter ce qui se passait en moi, non pas pour trouver le bonheur, mais pour trouver la paix. Sauf que…
Pour analyser ce qui se passe à l’intérieur, il faut d’abord aplanir le chemin qui y mène. C’est là que commence l’épluchage d’oignons afin de cuisiner sa soupe.
De mon point de vue, l’introspection, c’est analyser nos démons un par un pour s’y confronter un par un, dans le but de trouver la paix intérieure. Il y a d’ailleurs deux démons que nous avons tou.te.s, mais qu’il est contreproductif de combattre : notre égo et nos défauts.
L’introspection sert à canaliser le premier, à accepter le deuxième et à faire face aux autres.
Je suis le chemin de l’introspection depuis vingt-trois ans. Au début, on épluche les oignons. Les yeux commencent à piquer, mais on rigole presque, heureu.x.se de constater qu’on est super méga trop fort.e. Puis arrive la première couche. La piqure est un peu plus douloureuse. Puis la deuxième. Les yeux commencent à pleurer. Etc. etc.
Il arrive forcément des moments où la douleur due à l’introspection pousse tout.e cuisto qui se respecte à lâcher oignons et couteau pour aller se laver les yeux. À ce niveau, je suis on ne peut plus d’accord avec ces journalistes : l’introspection est contreproductive pour qui veut trouver le bonheur… si l’on vise un bonheur prompt.
Cependant, tout.e cuisto qui se respecte, sait que les yeux qui piquent, les larmes qui affluent et la gorge qui s’enflamme sont une étape obligatoire, si on veut cuisiner une bonne soupe d’oignons, composée d’ingrédients bien mûrs.
À un moment, j’ai pensé ne plus avoir la force de continuer. Les démons superficiels se sont avérés faciles à vaincre, mais plus j’entrais en profondeur, plus je rencontrais de résistance. Heureusement, je me suis rapprochée d’une kinésiologue efficace (d’autres ont préféré des magnétiseu.r.se.s, des psy, etc.) et j’ai pu accéder à un niveau de quiétude que je pensais inaccessible.
Je ne cache pas que je suis encore loin de la sagesse. Mais, de me confronter à mes démons, j’apprends à me connaître, à m’aimer et à m’accepter… même s’il m’arrive (je vous rassure, c’est normal), d’avoir des rechutes. C’est naturel, mais la quiétude est de plus en plus souvent présente, de plus en plus longtemps, et je lâche de plus en plus prise.
Maintenant, à vous de choisir le chemin qui vous correspondra le mieux. Je ne pourrais pas plus développer sur l’optimisme à la Coué, parce que je n’ai pas pratiqué longtemps. Ça ne me convenait pas. Mais j’en connais à qui ça fait énormément de bien. L’introspection, quant à elle, est un chemin bourré d’embuches où il est extrêmement facile de s’y perdre (nos démons se montrent féroces). Je déconseille vivement d’y cheminer longtemps sans un accompagnement digne de confiance… surtout une fois les démons superficiels passés.
Pour ma part, j’ai commencé avec des « conseillés » qui cherchaient à obtenir quelque chose de moi, sans se soucier des conséquences que ça impliquerait sur mon moral (et ma vie). J’en ai beaucoup – beaucoup ! – souffert. Heureusement, j’ai aussi rencontré quelques personnes extraordinaires qui m’ont tendu la main et ont été de véritables appuis.
C’est grâce à elles que mon introspection m’a offert tant de petits et de grands bonheurs. Je les en remercie.
Bonne journée et bonne.s lecture.s à tou.te.s 😘